Les abysses de Rivers Solomon

Lorsque les bateaux esclavagistes traversaient autrefois la mer, les femmes noires sur le point d’accoucher étaient jettées à l’eau, pour ne pas perturber la vie du bateau. Il est possible que les enfants de ces femmes aient survécu. En naissant dans l’océan, il leur est poussé des branchies, des écailles, les baleines les ont nourris, et ils sont devenus des wajinrus, un peuple des eaux abyssales, en proie avec les terribles souvenances de leurs origines. Rivers Solomon, écrivaine non binaire, développe cette mythologie afrofuturiste crée par un groupe de Détroit dans les années 90 (Drexciya) et reprise en 2017 par le groupe de hip-hop clipping avec la chanson « The deep », dans un travail de mémoire, de construction et d’utopie collective. Le roman est étonnant, et soulève des questions essentielles : le poids du passé et la nécessité de se souvenir, la place de l’individu, le genre…Un beau texte qui vient, avec sensibilité, remuer des eaux profondes et douloureuses.

Les abysses, Rivers Solomon, Aux forges de Vulcain, 18 euros

Conseil lecture d’Elise

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