Le fil des sorties – (brèves)

27/04/23 – Le trou, Hiroko Oyamada – Editions Christian Bourgois

Au Japon, Asahi quitte la ville et son travail pour suivre son mari qui a trouvé du travail à la campagne, près de sa maison d’enfance. La jeune femme s’ennuie. Elle ne connaît personne, et son mari a les yeux rivés sur son portable lorsqu’il rentre du travail. En se promenant autour de chez elle, Asahi tombe dans un trou. Elle en ressort mais à cet incident viennent s’en ajouter d’autres, petites bizarreries qui font des accrocs dans le tissu bien tendu de la vie quotidienne. Hiroko Oyamada, l’autrice, se réfère à Alice aux pays des merveilles, mais Asahi est une Alice assez sombre, héroïne d’une fable qui critique les normes de la société japonaise et souligne le sentiment d’étouffement qui peut s’emparer d’une jeune femme au foyer. A la lecture de ce livre, ce n’est pas Alice qui m’est apparue d’abord mais un autre récit, La femme des sables de Kobo Abe, que j’ai lu il y a longtemps. Dans mon souvenir plutôt vague, il s’agit d’un regard assez noir sur la condition humaine, à partir d’un décalage assez semblable au ressort narratif utilisé par Hiroko Oyamada : un homme tombe dans un trou. Dans La femme des sables, il ne peut plus en sortir, alors que dans Le trou, Asahi remonte, mais le décor habituel semble être modifié, légèrement fantastique et la scène la plus quotidienne nous met alors légèrement mal à l’aise…A la différence de Kobo Abe, Hiroko Oyamada est une autrice et ce point de vue de femme est perceptible dans son roman. Le motif du trou permet une perspective nouvelle sur le monde. Le poids des normes s’exerce sur les femmes, et le trou représente aussi une échappée, une possible dérive à cette condition. Après être sortie du trou, Asahi voit aussi des enfants sauvages, un vieillard gâteux…
Si vous aimez être un peu surpris·e, étonné·e par vos lecture et voir vous aussi le monde comme si vous étiez tombé dans un trou, plongez à la suite d’Asahi…

13/02/18  –  Même s’il est officiellement sorti des kiosques, nous pouvons signaler le numéro de la revue Critique 836-837 consacré au philosophe Giorgio Agamben. Présentée par des contemporains de disciplines diverses, l’oeuvre d’Agamben y est rendue accessible tout en respectant son exigence. Ne cherchant évidemment pas à faire le bilan sur le travail abondant et varié du philosophe, loin d’être « achevé », le recueil donne beaucoup de place à des questionnements honnêtes et éclairants (comme celui de George Didi-Huberman) sur la pensée vive et efficace qui est celle d’Agamben. Cela peut être une bonne introduction à sa lecture.

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08/02/18 – Les éditions de l’Ogre ont fait paraître une nouvelle traduction des Métamorphoses d’Ovide, qu’il ne faut pas laisser passer. C’est l’occasion de découvrir ces 246 fables, tragiques, drôles, surprenantes, rendues accessibles par une traduction accueillante et lumineuse de Marie Cosnay.
On y plonge, pioche ou picore avec plaisir, parmi 12 000 vers admirablement transmis au terme d’une dizaine d’année de travail. On peut entendre la traductrice ici et en savoir plus .

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15/01/18 – Depuis 2015 il ne faut pas oublier de suivre les parutions du Label Othello, hébergé par les éditions Le nouvel Attila. Ce label ne signale aucun genre en particulier même s’il met en valeur la poésie et fait travailler ensemble artistes, graphistes, écrivains etc. Il accueille notamment la publication de l’oeuvre intégrale d’Hélène Bessette, dont nous avions présenté ici, les Vingt minutes de silence mais aussi une belle réédition des chants de Spoon River, d’Edgar Lee Masters.  A suivre donc.