Gojira, contraction des mots « gorille » et « kujira » (baleine en japonais). Ce nom désigne la créature sortie de l’esprit d’un producteur à grand succès qui avait vu King Kong : un animal préhistorique dérangé par un essai nucléaire, éventrant les eaux qui l’abritent pour se lancer dans la destruction vengeresse de la métropole de Tokyo.
Le scénario du film est bien connu, mais l’histoire des ficelles qui l’ont fait connaître d’un si grand public l’est moins.
Quand Tanaka, le producteur passionné, réunit l’équipe qui doit effectivement donner vie à sa vision, il prévient : « la bonne nouvelle c’est que je vous propose de faire ce film. La mauvaise nouvelle, c’est que nous manquerons de temps. »
C’est pendant la course contre la montre qui s’engage alors que Jim Shepard nous livre les détails de la vie de Tsuburaya, responsable du département des effets spéciaux pour la Toho, « maître des miniatures ».
Le récit fin et serré (dans un livre très court d’à peine cent pages) dépasse de loin l’anecdote pour amateur d’histoires de cinéma car il s’attache aussi bien à la vie de famille de Tsuburaya qu’à ses problèmes de costumes et d’effets spéciaux. Pris sans cesse entre des conflits familiaux complexes et des défis techniques inédits, Tsuburaya mène sa barque sans esbrouffe, s’effaçant presque devant chacune des difficultés, et ouvrant la voie à une identification facile. C’est une personnalité plutôt banale, devant des problèmes qui le sont tout autant.
Reste que l’histoire du film, les faits de la vie de Tsuburaya et le talent de conteur de Shepard, qui écrit des paragraphes admirables et doux comme des flocons, viennent ajouter du suspens et de la gravité, pour un grand plaisir de lecture, rapide et sans façons.
Le maitres des miniatures de Jim Shepard est disponible chez Vies parallèles.
robin
Illustration de l’article : couverture du livre. Illustrée par Stephane de Groef.