Cahier de poèmes #28

La lune émerge du mur jaune des nuages.
Les fous sont accrochés aux barreaux des grilles
Comme de grandes araignées qui collent aux murs.
Leur main erre le long de la clôture du jardin.

Dans les salles ouvertes on voit flotter des danseurs.
C’est le bal des fous. Soudain le cri de la démence
Eclate. Les hurlements s’enfoncent si loin
Que tous les murs tremblent sous le fracas.

Le médecin avec lequel il vient de s’entretenir de Hume,
Voici qu’un fou l’empoigne avec violence.
Il baigne dans son sang. Il a le crâne brisé.

Réjoui le troupeau des fous regarde. Mais bientôt
Ils décampent, le fouet claquant au loin,
Pareils aux souris qui vont se fourrer dans leurs trous.

Les fous, Georg Heym, juin 1910, dans Expressionnistes allemands, Maspero, 1974, édition établie par Lionel Richard
Illustration : Frans Masereel

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