« Construire des luttes en prise avec leurs mondes » : ce sous-titre illustre bien le propos de l’ouvrage Joie militante de carla bergman et Nick Montgomery, paru récemment aux éditions du commun et traduit par Juliette Rousseau. Dans ce livre les auteur.ices explorent des pistes pour comprendre ce qui nous rend individuellement et collectivement plus capables, plus puissant.e.s. La joie est entendue ici (à la suite d’une tradition philosophique qui se réclame de Spinoza) comme une capacité à être davantage affecté.e, et ainsi, comme une disposition à ouvrir les imaginaires, la résistance, la créativité qui nourrissent l’activation du pouvoir collectif. Ces capacités transformatrices qui se découvrent dans la lutte naissent « en prise avec leurs mondes », car à l’écoute des attachements, des affinités, des différences, des dynamiques complexes des relations. En aucun cas, un tel militantisme ne peut être séparé de son contexte, de son milieu, des liens qui se sont noués entre ses membres. Nous sommes ici à la croisée de réflexions sur l’intersectionnalité, l’empowerment et les affinités politiques.

La joie militante est un processus d’attention, de soin, de transformation, qui peut permettre d’habiter le monde avec une plus grande intensité. Il s’agit toujours d’une expérimentation, fragile, car à la merci non seulement de la violence du capitalisme mais aussi du dogmatisme menaçant dans les milieux militants. Ce sont sur ces pratiques militantes, qui vont du cynisme à la traque du mauvais comportement, que le livre souhaite faire réfléchir : comment forger des relations qui s’appuient sur la confiance et la responsabilité, de manière à créer des espaces dans lesquels nous devenons capables de lutter et de vivre différemment ?

​Elise

Joie militante, Construire des luttes en prise avec leurs mondes, carla bergman et Nick Montgomery, traduction Juliette Rousseau, éditions du commun