Modern Baseball

Modern Baseball est un groupe de chanson emo-punk-folk américain qui s’est officiellement arrêté au mois de février de cette année. Après une carrière brève et fulgurante il reste trois excellent albums sortis entre 2012 et 2016 et le souvenir ou les enregistrements de dizaines de concerts aux États-unis, et un peu ailleurs dans le monde.

L’histoire du groupe est presque banale mais elle a ceci de marquant qu’elle se termine comme elle a commencé grâce à la fidélité des membres du groupe pour ce qui les anime, à savoir l’amitié et une belle sincérité.

Modern Baseball est une formation à deux chanteurs compositeurs : Brendan Lukens et Jake Ewald, amis inséparables depuis la fin de leurs années lycée et qui ont formé le groupe presque dès leur rencontre. Le nom Modern Baseball vient d’un bouquin attrapé au hasard dans la bibliothèque familiale de l’un des deux (Modern Baseball : techniques).

Après avoir trouvé un bassiste et un batteur (Ian Farmer et Sean Huber),ils se sont tout de suite fait remarquer dans des concerts donnés chez des amis puis dans les clubs de Philadelphie où le groupe a grandit notamment auprès d’autres talent comme The Menzingers ou Cayetana.

Leur premier album « Sport » a rencontré un succès immédiat, les envoyant en tournée à travers les États-unis en première partie de groupes comme The Get up kids, et avec PUP, Jeff Rosenstock… entre autres.

Leur deuxième album « You’re gonna miss it all » sorti en 2014 est suivi de tournées très longues, passant notamment par l’Europe et éveillant une certaine notoriété par ici en participant à tous les plus grands festivals rock comme Reading/Leeds, Groezrock etc…

En quatre ans le groupe ne s’est pas arrêté de tourner et de composer, à raison d’un disque tous les deux ans puisque « Holy Ghost » est sorti en 2016. Ce troisième album est pourtant prévu pour être le dernier car après avoir annulé sa participation à la tournée européenne de janvier 2017 à cause d’un grave état dépressif du chanteur Brendan Lukens, le groupe a annoncé qu’il se séparait, les autres membres du groupe étant soulagés de pouvoir s’arrêter, et ne souhaitant pas continuer sans leur chanteur. Ce dernier avait été diagnostiqué quelques mois auparavant comme sujet à de graves troubles bi-polaires.

Cette fin difficile est à l’image de ce que Modern Baseball peut transmettre dans sa musique et dans ses textes en termes d’émotions. Il y a de la joie et de l’énergie et beaucoup de place pour des hommages à l’amitié mais aussi de la fragilité, une tension affective dans laquelle on sent la solitude revenir comme un fantôme impossible à repousser (palpable dans le titre « Just another face » notamment).

Les plus cyniques verront dans cette séparation une grossière caricature, quoi de mieux pour un groupe « émo », véhiculant en général l’image de la corde sensible trop vibrante, qu’une sorte de dépression générale conduisant à la rupture ! En y regardant de plus près Modern Baseball échappe à cette classification, c’est avant tout une bande de copains sincères, qui aiment toute sorte de musique (comme en témoignent leur choix de disques dans les mini-docs dispos sur Youtube, dans le genre de « What’s in my bag ? ») et dont la base de la composition se trouve être la chanson folk (l’histoire du quotidien parlée ou chantée que l’on accompagne d’une guitare). Il est vrai qu’il y a un côté  » bande de nerd » complètement assumé (et comment ne pas…) qui est très sympathique et qui fait de Modern Baseball non pas un groupe émo au sens sophistiqué/torturé mais plutôt une sorte de « groupe du lycée » qui se trouverait avoir réussi à un moment donné et fait le plein dans des salles immenses, tout simplement parce que leur chansons sont très bonnes.

De bonnes chansons pour un groupe comme celui-ci cela signifie une ambiance reconnaissable dès la première seconde grâce à un jeu de guitare envahissant, soit par un riff accrocheur soit par une vibration particulière ou les deux. Un peu à la manière des Menzingers, Modern Baseball est un groupe à deux compositeurs, il y a des chansons de Lukens et d’autres d’Ewald, cela s’entend et se reconnait mais la plupart du temps les deux se répondent, chantent ensemble deux voix. Et le mélange de la voix nasillarde mais puissante de Brendan Lukens et de la gravité d’Ewald fonctionne parfaitement.

Comme chacune des compositions est née sur une guitare sèche, elles peuvent tout aussi bien s’apprécier de cette façon et on trouve sur internet de nombreuses versions des tubes du groupes jouées en acoustique. On retrouve dans ces vidéos les deux amis l’un à côté de l’autre s’amusant comme s’ils en étaient encore à répéter dans leur appartement. Ce retour à une version épurée de la chanson est parfois presque meilleur car il permet d’apprécier la qualité des voix et des lignes mélodiques.

De quoi parle Modern Baseball ? De filles, d’amitié et de trahisons, d’ennui et de dépression, de joies quotidiennes. Là rien de nouveau, ni de réellement passionnant, si ce n’est la capacité des deux compositeurs à trouver des formules qui restent dans la tête toute la journée à partir d’un vocabulaire très simple et cru.

Dans les deux premiers albums surtout, les chansons ont ceci de séduisant qu’elles peuvent surprendre dans leur construction, notamment à cause de nombreux breaks et ruptures brutales, à mettre au crédit du côté punk du groupe et qui fait qu’on ne s’ennuie pas. En concert Modern baseball est un groupe hyper-joyeux et rapide, qui donne envie de bouger.

Le troisième album « Holy ghost », plus travaillé par les thèmes mélancoliques, trouve son intérêt propre grâce aux belles voix de Lukens et Ewald qui savent très bien chanter. Cet album est pourtant plus « pop » et plus classique dans sa construction mais les compositions sont à rapprocher des bons titres des Killers dont les membres de Modern Baseball sont admirateurs.

Modern Baseball, un groupe pour chanter en choeur (sing-along), s’est donc éteint après seulement quatre années d’existence, il laissera un vide pour les amateurs du genre parce que ce n’est pas si souvent que l’on en rencontre d’aussi accomplis et sincèrement touchants.

Recommandations personnelles : « The weekend » ; « Re-done » ; « Broken cash machine » ; « Rock bottom » ; « Just another face »…

 

Robin

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