Des chemins de fer amènent les étrangers
ils descendent regardent autour d’eux
On voit dans leurs yeux perplexes
nager des poissons apeurés
Ils portent des nez pas comme chez nous
des lèvres tristes
Personne ne vient les chercher
Ils attendent l’obscurité
qui ne fait pas de différences
alors ils peuvent retrouver leurs proches
dans la voie lactée
dans les creux de la lune
L’un d’eux joue de l’harmonica –
des mélodies étranges
Une autre tonalité
habite l’instrument :
une suite imperceptible
de solitudes
Les étrangers, Rose Ausländer, 1965
Eté aveugle, traduit par Dominique Venard, Aencrages and Co.
illustration du poème : photographie de Dorothy Lange