Cahier de poèmes 11#

Des chemins de fer amènent les étrangers

ils descendent regardent autour d’eux

On voit dans leurs yeux perplexes

nager des poissons apeurés

Ils portent des nez pas comme chez nous

des lèvres tristes

 

Personne ne vient les chercher

Ils attendent l’obscurité

qui ne fait pas de différences

alors ils peuvent retrouver leurs proches

dans la voie lactée

dans les creux de la lune

 

L’un d’eux joue de l’harmonica –

des mélodies étranges

Une autre tonalité

habite l’instrument :

une suite imperceptible

de solitudes

 

Les étrangers, Rose Ausländer, 1965

Eté aveugle, traduit par Dominique Venard, Aencrages and Co.

illustration du poème : photographie de Dorothy Lange

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