J’ai pris leur sens de la vue aux guêpes menues
Qui sucent l’axe de la terre, l’axe de la terre,
Je pressens tout ce qui m’est advenu
Et m’en souviens par cœur et par chimère.
Je ne joue pas de la voix noire de l’archet,
Et je ne chante pas et non plus ne dessine,
Je ne fais que boire la vie et il me plaît
D’envier les guêpes majestueuses et malignes.
ô ! s’il était possible qu’un jour moi aussi,
La chaleur de l’été et l’aiguillon de l’air
Me donnent, dépassant mort et sommeil d’ici,
D’entendre l’axe de la terre, l’axe de la terre.
8 février 1937, Voronèje.
Ossip Mandelstam, in Tristia et autres poèmes, Poésie Gallimard, trad. François Kérel
Illustration de l’article – Escher, Butterflies, 1950
tellement , tellement BEAU !
Merci …